Biographie

Je suis née un 1er août dans le train, en gare de Lyon-Perrache, à l’époque où les congés payés partaient tous en vacances à la même date. Le train était bondé, ma mère debout. Mon père eut beau la supplier de se retenir jusqu’à Grenoble, les secousses et les trépidations précipitèrent mon arrivée, à la barbe des voyageurs esbaudis. Ensuite, ma mère et moi fûmes transportées à l’Hôtel-Dieu, un hôpital tenu par les religieuses, dans le deuxième arrondissement de Lyon. A notre arrivée, les sœurs s’écrièrent en joignant leurs mains : « Oh le beau bébé que le Bon Dieu vous a donné madame ! Voilà, ça a commencé comme ça…Je me suis toujours prise pour une fille de Dieu et j’essaye de me comporter dans la vie de façon à ne pas le décevoir. Dès que nous avons pu quitter l’hôtel Dieu, ma mère et moi sommes allées nous remettre de nos émotions à Petichet, un hameau sur la route Napoléon
entre Vizille et La Mure à 30 km de Grenoble, où ma grand-mère possédait une ferme. Après une entrée spectaculaire dans la vie, s’ensuivit une enfance que je préfère passer sous silence.Ma mère faillit me noyer dans une bassine en me faisant prendre mon premier bain ! À cinq ans, je tombai amoureuse du jeune homme du bout du chemin qui en avait dix-neuf ! En vérité, ma vie a vraiment commencé à 18 ans. Je rêvais de devenir comédienne. Un camarade de mon frère, qui présentait le concours du Centre d’Art Dramatique de la rue Blanche, m’a conseillé de tenter ma chance : « Passe le concours, tu ne seras pas reçue, mais, au moins, tu verras comment ça se passe ». J’ai été reçue du premier coup, au grand dam du camarade qui s’est fait recaler. Mes trois années au Centre de la rue Blanche ont été studieuses ; j’y ai fait l’apprentissage de mon métier de comédienne, mais, surtout, j’y ai appris la vie dans le métier… Je voulais faire du théâtre ; j’ai été gâtée. Pendant dix ans, j’ai enchaîné les spectacles éclectiques : de « Oh Calcutta » à « Largo Desolato » de Vaclav Havel en passant par « Le marchand de Venise » de Shakespeare. En 78, alors que je jouais « Plantons sous la suie », une comédie musicale au Café de la gare, Patrick Schulmann, venu voir le spectacle, m’a engagée pour être la vedette aux côtés de
Bernard Giraudeau de « Et la Tendresse ? Bordel ! ». Du jour au lendemain, j’ai été reconnue dans la rue et les rôles au cinéma se sont succédés.
Évelyne Dress